Le béton d’un sol de parking est nu. Un béton dit-désactivé qui laisse visibles des agrégats en surface. C’est de là que vient son nom, béton désactivé. Sur le parking des rochers font face aux murets en crépis. Le crépis mime le rocher, fait apparence mais ne l’imite ni pour l’œil ni pour la main. Un mélange de sable et de plâtre que le muret porte, dans lequel il s’enveloppe. Un ajout de parure qui lie le tout. Un corps superposé qui dissimule ou révèle le support sur lequel il s’est glissé. Ce n’est pas un corps dense mais étendu, déposé comme une housse, une surface.

 

Le squelette estampé ne se voit plus mais se devine par les qualités de la pellicule parasite. L’aluminium se mêle au bois et partage sa géométrie. C’est une forme qu’il emprunte mais à laquelle il doit s’adapter. L’aluminium est activé. Contraint par le relief il se tord, démontre sa souplesse. Un mouvement statique orienté par l’hôte qui se trouve en-dessous.

 

La surface garde mémoire, photographie une action qui n’a peut-être pas été achevée. L’eau précédemment en contact avec le cuivre l’a corrodé. Elle s’est hissée comme un buvard absorbe de l’encre. Le métal a gardé l’empreinte. L’eau a avalé la tige jusqu’à la ligne devenue turquoise puis s’est arrêtée. La course peut-être retracée mais pas la cause. L’eau corrode le cuivre mais imbibe la farine. Les grains déjà compacts se rétractent au centre pour former un sédiment rigide. Cela suppose un geste, peut-être un rite dont le protocole serait la rencontre d’éléments composites.

 

Des traces mais aussi des restes matériels qu’une personne aurait laissé derrière elle. Une assise en tissu porte encore son empreinte. Le vase et la fleur ont peut-être été les attributs d’une salle de séjour. Le reptile a quitté sa peau en souvenir d’une morphologie passée. La mue est restée fixée sur la télécommande de la télévision. Une chenille séjourne dans l’armoire.

 

Ce sont les signes d’actions précédentes mais d’autres sont en cours. Tout bouge. Sous la plaque de verre le lait continue de tourner. Le savon à l’huile fait écrin à la chlorophylle qui fane à la lumière du soleil, sèche à l’air ambiant. Les UV décolorent la fibre du textile.

Les surfaces se donnent à voir dans la limite d’un temps. Demain leur visage aura changé. Ce sont des phénomènes lents qui requièrent un regardeur. Que les changements successifs restent dans une mémoire.

 

Des images souples puisque face à elles nous bougeons aussi. Nous bougeons pour voir agir la lumière. Le reflet qui danse et stoppe net lorsque les deux pieds s’arrêtent. Des images projetées par la lumière du soleil qui marque des temps d’arrêts que l’ombre catalyse. L’ombre de la table en fait le tour en un jour. Pour saisir le mouvement il faut l’accompagner. S’écarter d’un pas, revenir, répéter, un pas encore. Ainsi le texte dissimulé devient plus lisible par compilation de fragments perçus. L’œil sans le pied est partiel.

 

Réunir les bribes pour former l’ensemble. Faire état des signes qu’une action a eu lieu pour donner forme. Donner une nouvelle forme. Faire état de la surface.

 

Victoire Gonzalvez