Remise en main(s) propre(s) d’objets sensibles, sensés ou censurés, sans autre intermédiaire que le blanc des yeux et la chaleur des paumes. Serviettes en simili cuir, enveloppes tachées froissées, bouquets de camélias avec étiquette. Close-contact sous les phares jaunes et la lumière trop blanche. La moiteur au bout des ongles n’a d’égal que l’empressement mutuel.

Si le motif est flou, l’acte est clair. Il s’agit de se glisser dans l’intervalle et d’éviter les entremetteurs. De main à main, l’objet de l’échange plane. L’expéditeur et le destinataire se confondent pendant quelques instants qui menacent d’éclater en vol.

Dans la solitude des champs de néon, l’exposition Remise en main(s) propre(s) propose une sélection de pièces transactionnelles à destinations multiples.

Aucune signature n’est requise.

 

La remise en main propre est l’acte de remettre un objet directement dans la main de quelqu’un, afin de s’assurer de sa bonne réception. Ce mode de livraison évite la transmission indirecte et les aléas qui s’en suivent. C’est le mode de distribution de celui qui ne croit en personne d’autre que lui-même. Sont remis en main propre les colis de valeur sentimentale ou pécuniaire. Les colis dangereux, illégaux ou susceptibles d’être interceptés seront, de préférence, eux aussi remis en main propre.

La remise en main propre est un système particulier, qui fait se rencontrer l’expéditeur et le destinataire. Puisqu’elle ne s’en tient rarement à la simple livraison, la remise en main propre est une ode à l’échange informel : la notice, les avertissements, les remarques et la météo, tout est contenu dans le commentaire oral qui accompagne la livraison. Si la remise en main propre était plébiscitée pour les mots doux et les lettres manuscrites, elle se détourne aujourd’hui du message pour se concentrer sur les biens matériels. Les activités dites du deal et les brocantes en lignes raffolent par exemple de la remise en main propre.

 

None Atelier, 2019